Piano droit en noyer verni, portant le numéro 37357, fabriqué en 1932, de style art déco.
Elcké a modifié son modèle habituel vers 1930, avec un sommier recouvert et une structure solide. Un piano de très bonne facture, malgré son clavier en plastique expérimental qui a mal vieilli. Le point fort : des tricordes filées, peu courantes sur les pianos droits, et même sur beaucoup de pianos à queue…
Le principal travail effectué sur ce piano concerne le clavier. Les revêtements ont été remplacés par de l’ivoire synthétique (ivoirine Elforyn) ; ces revêtements, livrés brut et non ajustés, doivent être découpés, sculptés et polis en fonction des touches destinées à les recevoir. Le rendu est tout à fait compatible avec l’esthétique de l’instrument, en particulier le logo légèrement mat : cette ivoirine ne prend pas l’aspect brillant du plastique acrylique.
Ces pianos font partie des meilleurs que nous ayons vu sur cette génération. Le son est ample, très équilibré, la mécanique solide et efficace, le toucher est plutôt proche des pianos actuels.
Restauration effectuée de Août à Décembre 2021.
Détail du logo de la marque
Vue générale de la structure harmonique (les cordes filées ont été retirées pour nettoyage)
Détail du cadre et numéro de série
Numéro de série, nom d'atelier gravé
Vue de la mécanique
Détail d'un marteau. Je n'ai malheureusement pas réussi à déchiffrer le nom du fabricant pour le moment.
Vue des marteaux après ponçage
La marque laissée par mon prédécesseur
Décrochage des lanières. Les cuirs résistent rarement à cette opération, faute d'être entretenus pendant des décennies.
Vue du premier chevalet.
Démontage des chevalets. La date et le numéro de série de la mécanique permettent souvent de dater un piano en l'absence d'informations sur la marque elle-même.
Dépoussiérage des pitons de réglage de l'échappement.
Le ressort de la pédale forte, dont le cuir est complètement désséché.
Mesure du cuir, pour archive.
Nouveau cuir en place (il s'agit de veau nubuck).
Décollage des contre-attrapes afin de remplacer les lanières qui sont collées dedans. Le joint de colle est imbibé d'alcool, ce qui dissout la colle animale et permet de faire céder l'assemblage avec peu d'efforts grâce à l'outil à vis. Sans précaution, la casse arrive vite.
La contre-attrape décollée.
Collage des contre-attrapes et des lanières à la colle animale. Les lanières sont pincées entre le manche et la contre-attrape.
Marquage au trusquin des nouvelles touches en ivoirine.
Découpe des nouvelles touches à la scie à ruban.
Les arêtes ont été sculptées à la lime, en respectant soigneusement les tracés réalisés directement sur le clavier. On égalise maintenant les jointures entre les touches, ainsi que l'extrémité de chaque front de touche.
Réalisation des arrondis au racloir. La formation de la tête se fait à la lime, puis au papier fin.
Les touches prennent déjà une fière allure (le polissage n'est pas encore effectué), comparées à celle visible en bas qui est demeurée à l'état quasi-brut.